L’incendie dans les Monts d’Arrée est maîtrisé : quels impacts sur l’environnement ?

Incendie Monts d'Arrée (c) Max PPP

La Préfecture du Finistère vient d’annoncer que l’incendie qui s’était déclaré en début de semaine au pied de la chapelle du Mont Saint-Michel de Brasparts est maintenant maîtrisé. Au total, la surface brûlée s’élève à 1725 hectares, une superficie très importante pour les Monts d’Arrée.

Pendant trois jours, près de 300 sapeurs-pompiers et 60 véhicules de lutte contre les incendies ont été mobilisés et plus de 500 personnes ont été évacuées sur les communes de Botmeur, Saint-Rivoal et Sizun. Le Parc d’Armorique et le Département du Finistère saluent à nouveau et remercient les équipes d’intervention pour leur courage et leur professionnalisme, ainsi que les agriculteurs et volontaires qui leur ont prêté main forte.

Maintenant que la gestion de l’urgence est assurée et les habitants, acteurs économiques et infrastructures du territoire en sécurité, il est possible de faire un premier bilan des impacts de l’incendie sur la biodiversité.

Réparti sur 10 000 ha, le site Natura 2000 des Monts d’Arrée abrite le plus grand ensemble de landes atlantiques de France et le plus important complexe de tourbières de Bretagne. D’après les premières observations, l’incendie aurait touché plus de 15% du site et brûlé environ 1100 ha de landes et 380 ha de landes humides et tourbières.

Des observations rassurantes pour les espèces emblématiques mais des inquiétudes pour les espaces naturels

Selon les équipes du Parc en lien avec les spécialistes de Bretagne vivante, l’incendie n’aurait pas d’impact dramatique sur les espèces d’oiseaux emblématiques des Monts d’Arrée comme les Courlis cendrés et les Busards Saint-Martin et cendrés : en fin de période de nidification, ils sont en cours de migration ou sont tous, jeunes ou adultes, en capacité de voler. L’inquiétude porte davantage sur la micro-faune (insectes, mollusques, petits mammifères et oiseaux, amphibiens, reptiles) qui probablement, n’a pas pu fuir : c’est le cas de l’Engoulevent d’Europe qui niche au sol à cette période.

L’incendie est un phénomène naturel ou accidentel dans le cycle de vie des landes qui peut permettre de maintenir ces espaces naturels, très inflammables, ouverts. Après un feu « courant » qui ne brûle que la partie supérieure des landes, la végétation peut revenir rapidement à son stade initial. En revanche, si le feu « couve », en particulier sur les landes tourbeuses, la tourbe risque de relarguer le carbone qu’elle stocke et la banque de graines présente dans le sol peut être touchée. 

Une évaluation basée sur les observations de terrain et prenant en compte la nature du feu (stagnant (couvant) ou courant) devrait permettre de faire un bilan plus précis dans les prochains jours et notamment d’évaluer la capacité de régénération de la végétation. Dans cet objectif, un groupe de travail est lancé avec les acteurs de terrain comme Bretagne Vivante, le Conservatoire botanique de Brest, la Fédération de chasse du Finistère ou encore les syndicats de bassin.

Entretenir les landes pour limiter les risques incendie et préserver la biodiversité

Le pâturage et la fauche sont deux pratiques agricoles traditionnelles qui permettent d’entretenir durablement les landes : 

  • sur le plan écologique, les milieux en restant ouverts peuvent accueillir une biodiversité remarquable et fragile comme certains oiseaux nicheurs ;
  • sur le plan agricole, les éleveurs peuvent disposer d’espaces supplémentaires pour faire paître les animaux en été, libérant ainsi les prairies pour produire du foin ou un repos des parcelles après l’hiver ;
  • sur le plan de la lutte contre les incendies, l’action de gestion limite une trop forte évolution des landes, les broyages d’entretien en bordure de clôtures et l’action des animaux créent des zones coupe-feu contribuant à limiter la propagation des feux. 

C’est pourquoi depuis les années 1990, le Parc accompagne une quarantaine d’agriculteurs autour de la gestion des landes par fauche et par pâturage, dans le conseil sur le terrain et en permettant d’obtenir des financements de la Politique agricole commune (via des Mesures agri-environnementales et climatiques – MAEC) via le plan agro-environnemental et climatique qu’il porte sur territoire. 

Aussi, depuis plus de 10 ans, en tant qu’opérateur du site Natura 2000 des Monts d’Arrée, le Parc réalise aussi des actions de préservation et de restauration des landes et des tourbières. Ce travail est renforcé depuis janvier 2021 grâce au programme LIFE Landes d’Armorique que le Parc porte en partenariat avec le Département du Finistère et l’association Bretagne Vivante, et avec le soutien financier de l’Europe, du Ministère de la Transition écologique et de la Région Bretagne. Retrait de résineux, comblements de drain, aménagements pour accueillir le public… L’objectif est de déployer des opérations concrètes pour restaurer 200 hectares de landes et tourbières d’ici 2026. Sur les 1,6 millions d’euros du programme, plus de 300 000 euros seront consacrés au soutien des agriculteurs pour la gestion des landes.

De son côté, le Département du Finistère, propriétaire et gestionnaire d’espaces naturels sensibles dans les Monts d’Arrée restaure et entretient des landes en maîtrise d’ouvrage départementale avec l’appui d’entreprises spécialisées. Il met également, et gratuitement, à disposition des éleveurs des terrains dans le cadre de prêts à usage partagés. Ces derniers assurent en contrepartie la gestion des parcelles confiées selon un cahier des charges précis adapté aux milieux naturels. Les éleveurs peuvent en parallèle bénéficier de MAEC sur ces mêmes espaces. C’est un partenariat gagnant-gagnant mettant en avant l’intérêt de l’écopastoralisme. 

Plusieurs enclos de pâturage ont été incendiés, sur le Tuchenn Kador et le secteur Saint-Michel. Pour leur venir en aide, le Parc a proposé à deux fermes directement impactées des parcelles de landes de remplacement pour cet été sur le domaine de Menez Meur, espace naturel sensible dont le Département du Finistère est propriétaire et le Parc d’Armorique gestionnaire. 

Crédit photo : Max PPP

Votre navigateur est dépassé !

Mettez à jour votre navigateur pour voir ce site internet correctement. Mettre à jour mon navigateur

×