L’observatoire de la biodiversité

La mise en place de l’observatoire de la biodiversité est l’une de actions de la stratégie biodiversité du Parc naturel régional d’Armorique. Il nous renseigne sur l’état de santé de la biodiversité. Via ses indicateurs, l’observatoire permet une surveillance du territoire, un éclairage sur les politiques publiques (notamment celles inscrites dans la charte du Parc) et une valorisation du travail du réseau d’acteurs qui travaille sur la question de la biodiversité. Pour tout un chacun, il peut être aussi un outil de découverte des richesses naturelles qui nous entourent !

L’observatoire du Parc d’Armorique

Véritable outil d’acquisition de connaissance, il permet de mieux connaître et de caractériser le patrimoine naturel du Parc dans toutes ses composantes (espèces, habitats, réseaux écologiques) et de prioriser les enjeux de conservation de la biodiversité.

Cet observatoire a aussi pour objectif d’évaluer l’état de conservation du patrimoine naturel remarquable du Parc et les actions de gestion mises en œuvre pour le préserver.

Ce projet est mené en partenariat avec les acteurs du territoire et permet de les mobiliser autour d’un plan biodiversité. Il valorise les actions menées et favorise le partage d’expériences.

 

Découvrez la carte interactive des espèces phares du Parc !

Cochez chaque élément pour voir apparaître les données de localisation de chaque espèce phare de l’observatoire du Parc et les informations administratives (commune, site Natura 2000…).

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Faites connaissance avec ces espèces

Le Parc naturel régional d’Armorique est très certainement le plus important hot spot de biodiversité en Bretagne !  Il existe sur son territoire des enjeux forts de préservation de la biodiversité. Voici quelques exemples d’espèces remarquables suivies dans le cadre de l’observatoire.

Courlis cendré © Emmanuel Holder

Avec presque son mètre d’envergure d’ailes, le Courlis cendré est le plus grand des limicoles du monde. Il utilise son long bec courbé pour rechercher des insectes, mollusques et vers dans les sols meubles des landes, étangs, estuaires, tourbières et parfois dans les prairies et les champs. Il est régulièrement présent sur la côte atlantique pour passer l’hiver, notamment en rade de Brest, mais c’est en été, en période de nidification, qu’il devient plus rare et vulnérable.

Il aime faire son nid dans les vastes espaces à végétation basse et se plait particulièrement dans les landes rases des monts d’Arrée qui représentent le dernier spot de nidification de Bretagne. Mais il est aussi très exigeant sur la qualité de son domaine ! Gare aux buissons trop hauts ou aux friches qui ne lui conviennent pas. Il n’aime pas non plus être dérangé par les prédateurs qui tentent de se nourrir de sa progéniture ou par les promeneurs et les chiens errants qui s’approchent trop près de son nid.

Cette sensibilité sur la qualité et la tranquillité de son habitat sont les principales raisons de son déclin depuis les années 1990 en Bretagne. Les actions de gestion de lande par fauche et leur restauration menées par le Parc d’Armorique via Natura 2000 ainsi que l’aménagement des itinéraires de randonnée et la gestion de la fréquentation visent à préserver le Courlis et à maintenir cette population.

Craves à bec rouge © Valentine Dupont

Le Crave à bec rouge appartient à la famille des Corneilles et des Corbeaux mais il est moins connu car il vit essentiellement dans les falaises, que ce soit dans les montagnes (Alpes, Pyrénées…) ou sur le littoral (falaises de Crozon, d’Ouessant, du Cap Sizun…). Son bec et ses pattes rouges ainsi que sa petite taille permettent de le distinguer facilement de ses cousins.

Il fait son nid dans les failles rocheuses et se nourrit dans les pelouses littorales rases situées à proximité, capturant essentiellement des insectes. Les couples semblent unis pour la vie, car ils restent ensemble toute l’année et font leur nid toujours dans la même cavité, ce qui est bien utile pour les scientifiques et les gestionnaires qui les suivent !

Les effectifs de craves ont chuté entre les années 1960 et 1990 à cause de l’enfrichement des prairies littorales et de la sur-fréquentation. Ils ont augmenté dès 1999 jusqu’à une stabilisation ces dernières années grâce à la gestion des pelouses et l’aménagement des sentiers côtiers. Sur le territoire du Parc, une trentaine de craves sont présents sur la presqu’île de Crozon et une quarantaine sur l’île d’Ouessant. Des suivis sont réalisés tous les ans pour savoir combien de petits naissent et atteignent l’âge adulte. Ils sont reconnaissables aux couleurs plus claires du bec et des pattes.

Damier de la succise © Emmanuel Holder

Le Damier de la succise porte bien son nom, qui reflète à la fois son apparence physique et son mode de vie. Ses ailes sont parées d’un damier aux teintes orange variées séparé par des nervures. Les chenilles de ce papillon se nourrissent exclusivement de Succise des prés (Succisa pratensis) et y vivent en colonies pouvant aller jusqu’à plusieurs dizaines d’individus.

Cette espèce est donc intimement liée à la présence et à l’abondance des succises, une plante qui ne pousse que dans les prairies et les bois humides en compagnie de nombreuses fleurs dont se nourrissent les papillons adultes.

Autrefois largement répandues en France et en Europe, les prairies humides ont fortement régressé au siècle dernier et leur état de santé s’est dégradé. Avec l’intensification de l’agriculture, les pratiques défavorables à la succise se sont répandues sur le territoire : engrais, pesticides, labour, plantations, mise en culture, fauche et pâturage intensifs. La disparition de sa plante hôte a ainsi entraîné le déclin du Damier de la succise.

Sur le territoire du Parc, le Damier est présent dans les monts d’Arrée et sur la pointe ouest de la presqu’île de Crozon. L’état de conservation est variable d’une localité à une autre, allant du très bon au mauvais état suivant la qualité des prairies et leur gestion. Les inventaires doivent être poursuivis pour suivre l’évolution de cette population.

Grand rhinolophe © V. Guillou

Le Grand Rhinolophe tient son nom de la forme particulière de son nez, bordé de membranes en forme de fer à cheval. Ce museau n’est pas si particulier pour rien, car il lui permet de pratiquer l’écholocation pour chasser la nuit des papillons, coléoptères et autres insectes. Les ultrasons qu’il émet par son nez se répercutent contre les insectes et lui permettent de connaître leur emplacement avec précision.

Les chauves-souris françaises, dont le Grand Rhinolophe, vivaient autrefois uniquement dans des cavités naturelles. Depuis plusieurs siècles désormais, elles aiment également s’installer dans les clochers, les greniers et autres constructions humaines, générant parfois quelques conflits de voisinage, pourtant simples à régler.

En France, le Grand Rhinolophe est présent dans toutes les régions, les effectifs sont toutefois plus importants le long de la façade atlantique. Depuis les années 1960, ces chiffres sont en diminution en raison de l’aménagement ou de la destruction de leurs gîtes et des changements de pratiques agricoles qui entraînent une diminution du nombre d’insectes et la disparition des habitats favorables. La Bretagne et le Parc d’Armorique représentent des bastions pour cette espèce avec de nombreux gîtes d’accueil et des effectifs importants. Des comptages et études scientifiques menés tous les ans permettent de suivre l’évolution des populations de Grand Rhinolophe.

Lamproies marines © T. Hunt

On appelle « grands migrateurs » les poissons qui passent leur vie en mer et qui viennent se reproduire dans l’eau douce des rivières. C’est le cas de l’anguille, de l’esturgeon, du saumon et également de la Lamproie marine.

Bien que considérée comme faisant partie des poissons, la Lamproie marine est en réalité un « fossile vivant » proche des ancêtres des vertébrés qui vivaient il y a 360 millions d’années. Elle ne possède ni nageoires primaires, ni mâchoires, mais se sert de sa bouche en forme de ventouse pour parasiter les autres poissons. Grâce à ses rangées de dents, elle peut s’accrocher à leur peau afin de se nourrir des chairs et du sang de son hôte.

Tout comme les autres grands migrateurs, la Lamproie marine est en forte régression ces dernières décennies. Les barrages hydrauliques sur les grands fleuves constituent des obstacles à la migration naturelle des poissons vers les frayères situées en amont. La dégradation de la qualité des cours d’eau est aussi responsable de cette régression observée sur toute son aire de répartition. En Bretagne la Lamproie est présente sur plusieurs rivières. Sur le territoire du Parc, seule l’Aulne accueille la Lamproie sur une partie de son linéaire. Elle est également présente sur l’Elorn mais sur un secteur en dehors du territoire du Parc.

Petit statice © Agathe Larzillière

L’estran, cet espace entre terre et mer, fait partie des écosystèmes les plus contraignants pour l’implantation de la vie. C’est la partie du littoral située entre les limites extrêmes des hautes et des basses marées qui subit donc une succession constante d’immersion dans un milieu salé et d’émersion à l’air libre, balayé par le vent et les embruns.

Les espèces qui y ont trouvé leur place ont développé d’incroyables capacités pour s’adapter à ce ballet constant. C’est le cas du Petit Statice ou Petite lavande de mer qui trouve sa place sur les sols sableux et vaseux des prés salés et au cœur de cordons de galets.

En France, cette espèce est présente uniquement dans la rade de Brest, ce qui en fait l’une des espèces les plus emblématiques du littoral. Mais depuis le XXème siècle ses effectifs diminuent à cause de l’arrivée d’une plante venue d’Amérique du nord : la Spartine à fleurs alternes (Spartina alterniflora). Celle-ci colonise rapidement l’estran et y forme des peuplements denses qui empêchent les espèces natives de continuer à prospérer. Des actions sont menées par le Parc pour limiter la colonisation de l’estran par la Spartine et pour préserver les stations de Petit Statice.

Malaxis des marais © Valentine Dupont

Il existe plus d’une centaine d’orchidées sauvages en France métropolitaine, certaines très communes et d’autres extrêmement rares, comme le Malaxis des marais. Cette petite orchidée de quelques centimètres de hauteur et de couleur verte pousse dans les tourbières au milieu des sphaignes (mousses) et des droséras (plantes carnivores).

Elle a la particularité de se reproduire principalement à l’aide de bulbilles, des petites boules formées à la base des feuilles, qui tombent en automne et forment de nouvelles plantes l’année suivante. Ces bulbilles créent des clones de la plante originelle, la reproduction sexuée à l’aide de fleurs est quant à elle beaucoup plus rare.

En France cette espèce est essentiellement présente dans le Massif Central et en Bretagne, où la plupart des stations connues se trouvent dans le Finistère. La dégradation des tourbières et le manque de gestion sont responsables de la diminution des localités où elle est encore présente. Celles-ci sont tenues secrètes pour la préserver des collectionneurs et des passionnés. Car étant très discrète, il est difficile de la voir et d’éviter d’y poser les pieds, même lorsque c’est elle qui est recherchée ! Un plan régional de conservation, coordonné par le Conservatoire botanique national de Brest et soutenu par de nombreux partenaires, vise à préserver le Malaxis des marais et à gérer les tourbières qui l’accueillent.

Plongeon arctique © D. Marques

Les plongeons forment une famille à part parmi les oiseaux marins. De la taille d’un canard ou d’une oie, ils en sont pourtant bien différents par leur physionomie et leurs habitudes de vie. On les observe sur les grandes étendues d’eau, que ce soit à l’intérieur des terres ou en mer, nageant paisiblement à la surface. Soudainement, ils plongent dans l’eau jusqu’à 10 mètres de profondeur pour en ressortir un poisson au bec. C’est cette technique de pêche qui leur a donné ce nom.

Il existe cinq espèces de plongeons dans le monde, répartis dans le nord de l’Europe et de l’Amérique. Parmi eux se trouve le Plongeon arctique qui fréquente régulièrement la rade de Brest pour y passer l’hiver. Même si sa répartition mondiale est relativement stable, la population est en déclin constant. Les naissances n’arrivent pas à compenser la mortalité élevée des adultes. Sont mis en cause les problèmes de pollution mesurés sur les œufs, notamment au mercure, et aux pressions humaines sur ses habitats de reproduction.

Dans la rade de Brest, des suivis sont réalisés chaque année depuis 1996 au mois de janvier. Les effectifs de Plongeon arctique sont très fluctuants mais restent relativement stables. La préservation des habitats marins de la rade de Brest, tels que le maërl ou les herbiers de zostère, est une mesure favorable au Plongeon arctique et explique l’intérêt international de ce site pour cette espèce.

Sphaigne de la Pylaie © Emmanuel Holder

Les sphaignes sont des mousses bien mystérieuses formant une famille unique en son genre. Lorsqu’elles colonisent un point d’eau, les premières à s’installer vont rendre cette eau acide et vont créer un habitat favorable pour les suivantes qui vont être, elles, de grandes productrices de tourbe.

En poussant à la verticale vers le ciel, les sphaignes vont laisser leurs anciennes feuilles s’accumuler sur le sol. Mais l’acidité et la présence de l’eau vont empêcher la décomposition de toute cette matière qui va pouvoir s’accumuler parfois pendant plusieurs milliers d’années jusqu’à former une tourbière pouvant faire deux mètres d’épaisseur ! La Sphaigne de la Pylaie, contrairement à ses cousines, pousse prostrée au sol et possède une couleur allant du rouge foncé au noir.

Malgré une large répartition en Europe et en Amérique, elle reste très rare. En France elle n’est présente que dans l’Ouest de la Bretagne et se trouve majoritairement dans les monts d’Arrée et sur le Menez Hom. Une évaluation de son état de conservation a été réalisée en 2010 au cours de laquelle plusieurs milliers de stations ont été trouvées. Elle reste cependant en voie de disparition à cause de la dégradation des landes et des tourbières. Le Parc poursuit les inventaires et œuvre à la préservation des landes via des MAE et des contrats Natura 2000.

Sternes pierregarin © Jean-Noël Ballot

Une silhouette vole au loin avec grâce et habilité. Aux couleurs, elle pourrait être confondue avec une mouette mais la longueur de ses ailes, la délicatesse de sa silhouette et l’adresse de ses pirouettes enlèvent tout soupçon. C’est une Sterne ! Soudain, elle s’arrête en plein vol. Un battement d’aile frénétique lui permet de rester perchée au-dessus de l’eau. En une fraction de seconde, elle plonge et ressort un poisson au bec.

De plus près, on observe cette calotte noire sur la tête, ce bec rouge orné d’une pointe noire ainsi que ces pattes rouges. C’est bien une Sterne pierregarin, qui partage la côte bretonne avec la Sterne caugek et la Sterne de Dougall. Celles-ci sont souvent appelées les hirondelles de mer même si on la rencontre aussi bien dans les rivières et les étangs.

En Bretagne la Sterne pierregarin fréquente principalement les côtes et les îles sur tout le littoral. Les effectifs ont fortement chuté dans les années 1970 avant de se stabiliser. Les colonies se déplacent régulièrement le long de la côte pour se reproduire et ne sont pas toujours présentes au même endroit deux années consécutives. Sur le territoire du Parc, seul le Duc d’Albes accueille régulièrement une colonie. En 2018, près de 300 sternes s’y sont installées pour y élever leurs petits.

 

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