Le programme LIFE Landes d’Armorique aura un impact indirect sur les espèces qui fréquentent les landes et tourbières, grâce à la restauration des habitats naturels adaptés à leur cycle de vie.
Les différents type de landes présentes sur le Parc d’Armorique
Les landes sèches
Les landes sèches se développent sur des sols peu profonds avec une très faible réserve en eau. La végétation (bruyère cendrée et ajonc) est adaptée à ces conditions difficiles et offre un paysage ouvert. Selon la profondeur du sol, ces landes seront hautes avec l’ajonc ou basse avec la bruyère. La callune ou fausse bruyère est bien présente tout comme la molinie bleue mais en moindre partie.
Les landes mésophiles
Il s’agit de landes se développant sur des sols acides et moyennement humides où plusieurs espèces de bruyère se développent. La molinie bleue est l’herbacée la plus présente. La diversité floristique est intéressante et ces milieux sont très propices à la nidification des oiseaux.
Les landes sèches à mésophiles couvrent 4100 hectares sur le site Natura 2000 des Monts d’Arrée (soit 38% de la surface du site), 465 hectares sur le site Natura 2000 de Menez Meur (soit 38% de la surface du site), et 1138 hectares sur le site Natura 2000 du Menez Hom (soit 62% de la surface du site).
D’après le Conservatoire botanique national de Brest, les landes sèches européennes sont dans un état de conservation défavorable.
Le LIFE va permettre la restauration de 163 hectares de landes sèches à mésophiles sur les 3 sites.
Les landes humides
Il s’agit de landes se développant sur des sols très acides, pauvres et gorgés d’eau la majeure partie de l’année. En plus des différentes espèces de bruyère (bruyère à quatre angles, bruyère ciliée), d’ajonc et de molinie, ces milieux très humides sont caractérisés par la présence de sphaignes qui forment un tapis plus ou moins continu. Dans ce cas, ces landes sont qualifiées de tourbeuses et des plantes carnivores peuvent se développer dans ces milieux.
Les landes humides sont dites prioritaires en Europe de par leur richesse et raréfaction. Elles abritent une faune et une flore très spécialisées comme la droséra qui pour pallier au manque de nutriment du milieu est devenue carnivore, ou la gentiane pneumonanthe, unique plante hôte d’un papillon, l’Azuré des Mouillères menacé d’extinction.
Les landes humides atlantiques couvrent 925 hectares sur le site des Monts d’Arrée (soit 8,6% de la surface du site), 22 hectares sur Menez Meur (soit 2% de la surface du site), et 60 hectares sur le Menez Hom (soit 3% de la surface du site).
D’après le Conservatoire botanique national de Brest, les landes humides atlantiques tempérées à Erica ciliaris et Erica tetralix sont dans un état de conservation défavorable mauvais.
Le LIFE va permettre la restauration de 36 hectares de landes humides sur les 3 sites.
Les tourbières
Une tourbière est un type de zone humide caractérisée par sa saturation quasi permanente en eau. La très faible teneur en oxygène qui en découle limite considérablement l’activité microbienne. Ainsi, la végétation morte ne se décompose pas ou peu. Elle s’accumule au fil des millénaires sur plusieurs mètres d’épaisseur, constituant de la tourbe.
Ces écosystèmes accueillent des espèces végétales originales qui contribuent fortement à la biodiversité générale : papillons, libellules, amphibiens, plantes carnivores, orchidées.
Les tourbières sont les gardiennes de la mémoire des paysages : elles conservent pendant des millénaires le pollen des plantes, les restes de micro-organismes, les charbons de bois… dont l’étude permet de reconstituer l’évolution du climat et de la végétation, mais aussi l’histoire des sociétés humaines.
Les tourbières hautes actives couvrent 790 hectares sur le site des Monts d’Arrée (soit 7% de la surface du site), 24 hectares sur Menez Meur (soit 2% de la surface du site), et 32 hectares sur le Menez Hom (soit 1.7% de la surface du site).
D’après le Conservatoire botanique national de Brest, les tourbières hautes actives sont dans un état de conservation défavorable mauvais.
Le LIFE va permettre la restauration de 7 hectares de tourbières hautes actives sur les 3 sites.
Des travaux de restauration qui bénéficieront à différentes espèces
Le Courlis cendré (Numenius arquata)
Le site des Monts d’Arrée abrite le dernier bastion de Courlis cendré nicheurs en Bretagne (20 couples en 2017 et 25 couples en 2016, contre 86 en 1977). En Bretagne, cette espèce se reproduit presque exclusivement dans les landes et recherche des parcelles fauchées à végétation rase. Dans les Monts d’Arrée, cet oiseau niche dans les landes fauchées et les jeunes se nourrissent dans les prairies adjacentes.
Le Courlis cendré ne niche plus dans aucun autre site de la région pour des raisons multiples, dont l’abandon de pratiques agricoles.
Le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus) et le Busard cendré (Circus pygargus)
Les busards sont fortement liés aux landes en Bretagne. Les populations bretonnes sont parmi les rares à être restées fidèles à leur habitat d’origine. Il s’agit probablement d’une des dernières régions à pouvoir encore leur proposer des habitats de landes étendus offrant le gîte et le couvert (SRCE Bretagne, CERESA, 2015).
En 2017, 24 couples de Busard cendré ont été recensés sur le site des Monts d’Arrée, ce qui représente l’ensemble des sites de reproduction pour l’espèce dans le Finistère.
Quant au Busard Saint-Martin, 22 couples ont été recensés dans les Monts d’Arrée en 2016, 1 couple sur Menez Meur et 2 couples sur le Menez Hom. A l’échelle de la région, en 2016, 70 à 76 couples nicheurs ont été recensés, soit une érosion de 25% depuis le dernier atlas de 2006.
La remise en gestion des landes via le LIFE permettra d’offrir de nouvelles niches écologiques à ces oiseaux.
La Sphaigne de la Pylaie (Sphagnum pylaesii)
La Shaigne de Pylaie est une mousse dont la couleur peut varier du vert clair au brun foncé. À l’instar des autres sphaignes, elle se développe sur des terrains où l’eau est omniprésente : landes humides, tourbières. Elle est la seule espèce de sphaigne à être protégée au niveau européen. La protection de son habitat (tourbières et landes tourbeuses), condition de son maintien en France, est donc primordiale.
Les monts d’Arrée accueillent 95% de la population nationale de la Sphaigne de la Pylaie.
La Vipère péliade (Vipera berus)
Serpent venimeux au corps épais, la vipère péliade se plaît dans la fraîcheur des tourbières. Redoutable prédateur, elle s’attaque volontiers aux lézards vivipares ainsi qu’aux petits rongeurs, grenouilles et petits oiseaux. Elle hiberne d’octobre à mars.