Afin de favoriser la vitalité des communes rurales et dialoguer autrement avec les habitants, le Parc d’Armorique souhaite développer des projets culturels de territoire participatifs. En 2025, il s’associe au Fourneau, centre national des Arts de la Rue et de l’espace public en Bretagne et à la commune de Guerlesquin pour accueillir pendant trois mois deux musiciens de La Fausse Compagnie. Baptisé « mMm – mini Maison mobile », leur projet artistique (et de vie) vise à tisser des liens avec les habitants et nourrir leur activité de recherche et de création.
Une « mini Maison mobile » à Guerlesquin
En ce tout début d’année, Claire-Noël et Thomas Le Saulnier ont posé pour trois mois non pas leurs valises mais leur « mini Maison mobile » à l’entrée de l’espace Porz ar Gozh Ker de Guerlesquin. Ces deux musiciens de La Fausse Compagnie réservent plus d’une surprise à leurs voisins et à toutes celles et ceux qui souhaiteront venir à leur rencontre ou qui auront la chance de croiser leur chemin.

Jusqu’à fin mars, ils vont travailler à la création d’un spectacle, répéter leur prochaine tournée artistique, mais aussi expérimenter la vie d’itinérance qu’ils ont choisie.
Le duo d’artistes va ainsi participer à la vie locale et sociale, émailler son séjour d’impromptus musicaux et poétiques tout en partageant ses réflexions sur l’habitat léger et son mode de vie. Plus largement, cette présence artistique insolite au cœur de la commune interroge nos façons d’habiter et de vivre ensemble.
En devenant habitants de Guerlesquin le temps d’un hiver, ils se proposent d’interroger ce que signifie s’installer dans une commune, faire connaissance, tisser des liens… avec l’envie de troquer un savoir-faire ou un peu de musique contre un service ou un autre.

Ils vont aussi inviter les habitants à certaines de leurs répétitions, leur permettant de découvrir leur processus créatif et artistique et donner quelques représentations. Des interventions auprès des jeunes et des anciens de la commune sont en projet, mais ils souhaitent aussi laisser le hasard et la magie des rencontres opérer.
Auto-construite, autonome en énergie et dotée d’un espace de vie et de travail grâce à une extension et des grandes ouvertures, qui donnent un sentiment d’espace malgré une surface réduite, la mini Maison mobile est déplacée à l’aide d’une remorque.
Pas de frigo ni de four dans la cuisine (trop énergivores) et des habitudes qui se réinventent : on s’approvisionne plus souvent pour le frais, en plus petites quantités. Et pour la cuisine, on expérimente la cuisson vapeur, même pour les gâteaux !
Aux abords de leur maison, Claire-Noël et Thomas Le Saulnier ont aménagé en quelques heures un système de phyto-épuration pour les eaux grises (vaisselle et douche) qui donne un air de jardinet à la pelouse où ils se sont installés. On trouve aussi un salon de jardin en palettes et un composteur temporaire.
En échangeant avec le couple, on comprend vite que ces deux artistes sont de bons bricoleurs qui ne sont pas à cours d’idées pour améliorer la fonctionnalité de leur lieu de vie et de travail.
Ils sont enchantés de partager les secrets de conception de leur maison et de proposer un service contre un autre : un conseil pour isoler une dépendance contre une lessive par exemple, car ils ne disposent pas de machine à laver…
Lorsqu’ils expliquent leur choix de se délester de leur maison « en dur » et de leurs possessions pour tenter l’itinérance, ils suscitent interrogation, admiration ou incrédulité. Dans tous les cas, le nouveau mode de vie qu’ils expérimentent interpelle et invite à questionner son propre mode de vie.
Autre surprise, lorsqu’on interroge les deux musiciens sur leur art, ils sortent de leurs étuis (pour ceux qui peuvent y rentrer !) des instruments rarement vus, aussi beaux et intrigants que leur sonorité est envoutante et douce. Leur « Instrumentarium » comporte en effet huit instruments à cordes pas comme les autres : des instruments à pavillons.

Claire-Noël et Thomas se sont associés à un luthier et un sculpteur métal pour faire revivre et réinventer ces instruments de la fin du 19ème siècle tombés dans l’oubli au début des années 1920. D’ailleurs, ils proposent aux Guerlesquinais qui ont un peu de place chez eux de les héberger pour quelques jours ou semaines, les instruments ne pouvant pas tous loger dans leur mini maison.
Un projet au cœur des missions du Parc d’Armorique
Cette action s’inscrit dans la politique culturelle d’aide à la création contemporaine menée par le Parc d’Armorique, visant à favoriser la participation des habitants à soutenir la vitalité du territoire. Elle relève également de la mission du Fourneau de promouvoir et développer la création et la production artistique en milieu public et de développer des modalités de rencontres originales entre artistes et habitants. Elle bénéficie à ce titre d’une aide financière du Fourneau, du Parc d’Armorique et de la commune de Guerlesquin.
D’abord artistique et participatif, le projet permet d’interroger de nombreuses problématiques du territoire : l’habitat, les modes de vie (énergie, alimentation, mobilité…), la présence artistique et culturelle dans les territoires ruraux, etc. En outre, cette expérience pourrait inspirer de nouvelles formes de vivre ensemble. Elle permet aussi d’accompagner des artistes qui souhaitent réimplanter leur métier et leur activité professionnelle à une échelle plus locale, avec leur souhait, à terme, d’organiser leurs tournées de manière plus cohérente avec leurs aspirations écologiques et philosophiques.