Les mares, lavoirs et autres petits points d’eau sont des hauts lieux de biodiversité qui fonctionnent en réseaux. Elles sont fréquentées par de nombreuses espèces durant leur cycle de vie, notamment les amphibiens. La période allant de février à avril est particulièrement importante : elle marque la saison de migration des grenouilles, tritons ou encore des salamandres qui quittent les sous-bois, où ils ont passé l’hiver, vers les mares où ils vont pouvoir se reproduire. À l’occasion de la Journée mondiale des zones humides le 2 février, le Parc d’Armorique met en lumière les actions concrètes qui peuvent être mises en œuvre pour les préserver.
En France métropolitaine, 23% des amphibiens et 12% des odonates (libellules et demoiselles) sont menacés de disparition (Source : UICN). La rainette verte, le triton marbré et la libellule nommée Leste fiancé sont trois espèces que l’on retrouve sur le territoire du Parc et qui apparaissent sur la liste rouge de l’UICN. De nombreuses autres espèces, comme la grenouille rousse et la salamandre ont également besoin de se déplacer dans les points d’eau que constituent les mares, lavoirs, fossés, ornières et zones inondées une partie de l’année afin de pouvoir se reproduire et s’alimenter.
À travers ce petit film d’animation, on découvre le monde merveilleux des mares et les enjeux liés à leur préservation en suivant le parcours d’un triton palmé. Cette vidéo de sensibilisation a été produite dans le cadre d’une étude pilote que Le Parc d’Armorique a lancé depuis 2023 pour améliorer ses connaissances sur le fonctionnement des mares et des milieux apparentés (lavoirs, fossés, etc.) sur son territoire.
Des îlots de biodiversité menacés à préserver
Un peu d’histoire
Les Hommes ont creusé des mares depuis le Néolithique jusqu’au XXème siècle. Avant l’accès généralisé à l’eau potable dans les milieux ruraux, mares, lavoirs et autres réserves d’eau répondaient à de nombreux besoins domestiques : pour la cuisine, la toilette, la lessive… Elles avaient aussi une grande importance pour l’agriculture, en permettant d’abreuver le bétail et d’irriguer les cultures. Les mares servaient également à de nombreux domaines artisanaux comme la forge, la vannerie, le tannage des peaux, le rouissage du lin et du chanvre ou encore le brassage du cidre. En outre, les mares constituaient une ressource d’eau indispensable en cas d’incendie.
Photo ci-contre : Un lavoir en bord de côte (1890-1920), Lieu non identifié © Archives départementales du Finistère, Fonds Villard

Avec la modernisation de l’agriculture et le développement des réseaux d’assainissement et d’eau potable, les mares ont peu à peu perdu de leur utilité et progressivement disparu de nos paysages. Aujourd’hui, on estime qu’il ne reste que 10% des mares qui existaient au début du XXème siècle (Source : Groupe mares).
Pourtant, les mares et milieux proches rendent de nombreux services :
- Elles freinent et captent une partie de l’écoulement de l’eau de pluie ;
- Elles constituent des îlots de fraîcheur lors des épisodes caniculaires ;
- Ce sont des éléments du patrimoine vernaculaire, repères paysagers et témoins du passé comme le sont les lavoirs et les fontaines ;
- Elles abritent une biodiversité remarquable, en bénéficiant notamment aux espèces dont le cycle de vie dépend à la fois des milieux aquatiques et humides et des milieux terrestres.




Les mares du Parc d’Armorique à l’étude
L’amélioration de la connaissance sur ces écosystèmes riches en biodiversité permet de mieux restaurer et préserver ces milieux indispensables à la survie de ces espèces.
Afin de mieux connaître le fonctionnement des réseaux de mares sur son territoire, le Parc d’Armorique a donc lancé en 2023 un protocole d’étude des mares du territoire, avec le soutien de nombreux partenaires impliqués dans un comité technique : le Forum des marais atlantiques, Eau et Rivières de Bretagne, Bretagne Vivante, le Département du Finistère, l’Adeupa, la Communauté de Communes de la Presqu’île de Crozon Aulne Maritime, l’École navale à Crozon, le Syndicat de Bassin de l’Elorn, l’EPAB – Etablissement public de gestion et d’aménagement de la baie de Douarnenez, l’EPAGA – Bassin versant du fleuve de l’Aulne et de l’Hyères, Morlaix Communauté, l’Agence Bretonne de la Biodiversité et la Communauté de Communes de Pleyben-Chateaulin-Porzay.
L’étude se décompose en deux phases et prendra fin en 2025 :
1. Un inventaire des mares sur trois secteurs pilotes
De 2023 à 2024, l’association Bretagne vivante, mandatée par le Parc, a réalisé un inventaire de 33 sites sur trois secteurs pilotes : le bassin de Châteaulin, La Presqu’île de Crozon et les monts d’Arrée. Elle a également inventorié les amphibiens, les odonates ainsi que la végétation sur ces sites de typologies variées : lavoirs, mares, réserves incendies, fontaines, ornières inondées, fossés, etc. Les conclusions de cette étude seront révélées fin 2025.

2. Une cartographie du réseau de mares
En 2025, grâce aux données collectées lors de l’inventaire, le déplacement des espèces dans le réseau de mares va pouvoir être modélisé sur chaque site pilote. Cela permettra de cartographier le fonctionnement du réseau, en mettant en évidence la localisation des couloirs de déplacements de la faune, mais aussi de repérer les habitats non fréquentés, malgré leur potentiel d’accueil important pour la biodiversité.
Cette étude pilote permettra de prioriser des actions de préservation ou de restauration de certains points du réseau de mares. L’objectif est également de réaliser un guide méthodologique qui sera mis à la disposition des élus et gestionnaires d’espaces naturels fin 2025.
Ensemble, agissons pour préserver les mares et maintenir des écosystèmes fourmillants de vie !
Voici quelques conseils et actions concrètes et simples à mettre en œuvre pour participer à la préservation des mares et des espèces qu’elles abritent :
- Faire de votre jardin un Refuge grenouilles avec Eaux et rivières de Bretagne ;
- Si vous créez ou restaurez une mare, les berges de cette dernière ne doivent pas être trop abruptes, afin de permettre aux amphibiens de pouvoir remonter sur terre. Pour le bord des lavoirs, il est possible d’installer un grillage ou des petites échelles ;
- Éviter d’y introduire des poissons, car ces derniers mangeront les larves d’amphibiens et d’odonates
- Diminuer votre vitesse sur les routes la nuit de manière à protéger les amphibiens durant leur période de migration.
ℹ️ Envie d’en savoir plus sur les mares ? L’animation Tinta’mare vous emmène à la découverte de la mare et de ses trésors de biodiversité ! Rendez-vous le 10 février 2025 à 14h30 au Domaine de Menez Meur.