Des attaques rapprochées de brebis ont eu lieu dans les Monts d’Arrée ces quinze derniers jours. Les services de l’État ont confirmé la piste du loup et ont annoncé le lancement d’une procédure d’indemnisation et de prévention, inédite en Bretagne.
On ignore à ce stade s’il s’agit du loup observé le 5 mai dernier sur la commune de Berrien, dans le Parc d’Armorique : il s’agissait alors de la première observation avérée d’un loup en Bretagne depuis sa disparition au début du siècle dernier.
Le Parc d’Armorique se tient informé de l’évolution de la situation et se propose de réfléchir, en lien avec l’État (Préfet du Finistère), l’Office français de la biodiversité et les acteurs du territoire concernés (agriculteurs, associations de l’environnement, socioprofessionnels…) aux conditions d’une éventuelle cohabitation avec le loup, une espèce protégée aux niveaux national, européen et international.
Questions / réponses
D’après les services de l’Etat, en lien avec l’OFB, il s’agit d’un ou deux loups ératiques en dispersion.
La dispersion est un phénomène qui intervient deux fois dans l’année, au printemps et à l’automne. A l’automne, les jeunes nés au printemps prennent pleinement leur place au sein du groupe, contraignant d’autres individus à quitter la meute pour chercher un nouveau territoire où s’établir. Au printemps, les jeunes qui ne peuvent se reproduire au sein des meutes quittent leur territoire de naissance en quête d’un partenaire sexuel. Ces individus en phase de colonisation peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres avant de se fixer, et ceci en quelques mois (distance de dispersion record pouvant dépasser les 1500 km depuis le lieu de naissance).
Il n’est donc pas possible d’affirmer à ce stade que le loup va s’installer de manière définitive.
C’est d’ailleurs ce qu’indique Jean-Paul Celet, Préfet de la Région Auvergne Rhône-Alpes et référent du Plan national sur le loup, au Télégramme.
Interview à lire ici et extrait dessous :
« – Le Télégramme : La Bretagne est concernée depuis peu par le retour du loup sauvage. Des attaques de brebis ont eu lieu dans les monts d’Arrée en octobre. Les signalements se multiplient. Comment percevez-vous cette arrivée du loup dans l’ouest ?
– Jean-Paul Celet : Il faut commencer par préciser que seul l’arc alpin héberge des meutes de loups en France. Il existe aussi quelques traces de reproduction en Auvergne, mais c’est encore à consolider. Partout ailleurs sur le territoire, que ce soit dans les Pyrénées, en Vendée ou même en Seine-Maritime jusqu’à l’an dernier, on a affaire à des loups en dispersion, qui ont traversé de l’autre côté du Rhône, en parcourant plus de 40 km par nuit. C’est-à-dire des individus qui se séparent de la meute et quittent leur territoire pour aller en coloniser d’autres, à la recherche d’éventuelles partenaires. Ceux-là ont effectivement fait des dégâts sur les troupeaux. Il y a, par exemple, eu une centaine de brebis tuées en Normandie, début 2021. Mais ce qui est vrai une année ne l’est pas forcément l’année suivante. Le loup peut rester un an et disparaître en un mois, comme ce fut le cas en Auvergne ou en Vendée. Les premières constatations faites en Bretagne confirment, pour l’instant, les connaissances que nous avons sur le loup en dispersion. »
Il n’existe aucune documentation scientifique permettant d’affirmer qu’un loup en captivité, mâle ou femelle, exerce une attration sur un loup sauvage, mâle ou femelle. Il n’est donc pas possible de dire que les loups du domaine de Menez Meur ont attiré le.s loup.s sauvage.s observés dans les Monts d’Arrée. C’est d’ailleurs ce que Jean-Paul Celet, Préfet de la Région Auvergne Rhône-Alpes et référent du Plan national sur le loup, a confirmé au Télégramme.
Interview à lire ici et extrait dessous :
« – Le Télégramme : Le loup sauvage pourrait-il être attiré par des louves en captivité, comme celle du Ménez-Meur, à Hanvec (29), par exemple ?
– Jean-Paul Celet : Aucune interaction entre les loups sauvages et les loups en captivité n’a jamais été constatée. D’abord, parce qu’il ne s’agit pas du tout de la même souche, les animaux de parcs viennent bien souvent des pays de l’Est, ils sont beaucoup plus gros. Ensuite, parce que nos parcs sont étroitement surveillés. Là où il y a eu des risques, on les a fermés, comme dans les Alpes-Maritimes (après les inondations de la tempête Alex) ou encore dans les Pyrénées. »
Le domaine de Menez Meur, et notamment l’enclos des loups, est équipé d’un dispositif de surveillance robuste (caméras, pièges photos et vidéos, présence des équipes du Parc). Depuis les observations d’un loup sauvage dans les Monts d’Arrée, cette surveillance a été renforcée pour repérer la présence éventuelle de ce loup. Le Parc est en lien étroit avec l’Office français de la biodiversité pour fournir les clichés éventuels d’un loup sauvage : à ce jour, aucune observation d’un loup sauvage n’a été faite.
Le domaine de Menez Meur et l’enclos des loups sont conformes à l’ensemble des exigences définies par les services de l’État, et notamment celles fixées dans le Plan national sur le loup :
– Le domaine de Menez Meur a le statut d’établissement d’élevage et de présentation au public d’espèces sauvages en captivité, au titre des Installations classées protection de l’environnement (ICPE). Il fait l’objet d’un arrêté préfectoral d’autorisation d’ouverture daté du 16 janvier 2018 : cet arrêté demande une conformité à l’arrêté du 25 mars 2004 fixant les règles de fonctionnement et caractéristiques des installations des établissements zoologiques.
– Comme tous les établissements présentant des loups européens, le Parc a été contrôlé par l’OFB en 2018 dans le cadre du recensement national du Plan national sur le loup. Et il est contrôlé une fois par an par la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) au regard de l’arrêté d’autorisation d’ouverture. La conformité du domaine de Menez Meur a été constatée.
L’enclos des loups de Menez Meur a fait l’objet de travaux importants pour veiller au bien-être des loups sur le domaine et offrir aux visiteurs une meilleure visibilité des animaux. Pour en savoir plus, cliquez ici.
Toute observation de grand canidé doit être signalée au service départemental compétent de l’Office français de la biodiversité : service départemental du Finistère au 02 98 82 69 24 ou sd29@ofb.gouv.fr