Pour la première fois, une étude lancée par le Parc naturel régional d’Armorique et réalisée par le bureau d’étude Biotope et l’association Bretagne Vivante répond à ces questions. En s’appuyant sur les données des comptages WETLAND récoltées entre 2006 et 2023, et des protocoles d’observation en mer et à terre réalisés entre 2021 et 2023, cette étude présente les espèces d’oiseaux hivernants de la rade de Brest, l’évolution de leurs effectifs, ainsi que les zones d’hivernage et habitats qu’ils affectionnent.
La rade de Brest : une halte migratoire majeure pour les oiseaux hivernants
Les vasières, les prés salés, les rivages variés et les baies de la rade offrent nourriture et tranquillité pour les oiseaux hivernants qui peuvent s’y reposer avant leur départ vers les pays nordiques pour s’y reproduire. La rade de Brest sert de lieu d’escale et d’hivernage, et constitue le troisième site du Finistère pour l’accueil des oiseaux d’eau en janvier, ainsi que le premier site d’hivernage de certaines espèces (Plongeon arctique, Plongeon imbrin, Grèbe à cou noir, Grèbe esclavon, Pingouin torda et Harle huppé). Elle revêt donc une importance migratoire à la fois nationale et internationale, qui explique la protection de sa partie sud en tant que zone de protection spéciale (ZPS) Natura 2000, selon la directive européenne « oiseaux » de 1979.
L’importance de ce statut de protection confirmée
Cette étude a permis de répertorier 61 espèces d’oiseaux, provenant de 10 familles distinctes. Un total de 121 349 individus a été comptabilisé, avec une moyenne annuelle de 7 128 individus recensés par les ornithologues depuis 2006 lors des comptages WETLAND.
Six espèces abondantes représentent 63 % des effectifs. Il s’agit du Bécasseau variable, du Canard colvert, du Grèbe à cou noir, du Canard siffleur, de la Mouette rieuse et de la Sarcelle d’hiver. La présence de certaines espèces telles que le Grèbe esclavon, le Plongeon imbrin, le Plongeon arctique et le Harle huppé, moins abondantes mais considérées comme patrimoniales, confirme également l’importance de ce site.
Une connaissance fine des secteurs qu’ils affectionnent
Les campagnes récentes de suivi en bateau et d’observation à pied à marée haute et basse ont permis de caractériser plus précisément les habitats que préfèrent ces espèces pour se nourrir et se reposer. Les secteurs à grandes vasières (Rostiviec, Lanveur, la Rivière du Faou et l’Aulne maritime) hébergent ainsi les effectifs les plus importants d’oiseaux hivernants. L’étude permet également de localiser les espèces sur des sites très précis comme le Grèbe esclavon dont la présence se limite autour de l’anse de Poulmic.
Des effectifs variables selon les espèces
Ces résultats ont mis en évidence la forte présence de certaines familles d’oiseaux, telle que la famille des anatidés (qui comprend notamment les canards et les espèces apparentées) avec 49 360 individus. D’autres familles comme les grèbes ou plongeurs ont connu des diminutions importantes avec une baisse allant jusqu’à 75% chez le Grèbe à cou noir.
Ces baisses d’effectifs sont, entre autres, liées aux dérangements que peuvent causer les activités humaines. Il s’agit notamment de la fréquentation importante de certains sites du littoral, des chiens qui ne sont pas tenus en laisse et qui peuvent perturber les oiseaux hivernants dans leurs zones de repos, ou encore des activités maritimes dans ces zones.
Pour agir concrètement pour la protection des oiseaux hivernants en rade de Brest, le Parc naturel régional d’Armorique a déjà mis en place différents dispositifs :
➡︎ Fermeture annuelle des sentiers côtiers par arrêté municipal dans des secteurs à enjeux importants (baie de Lanveur et anse de Penfoull).
➡︎ Installations de 5 observatoires ornithologiques qui permettent d’observer sans déranger sur différentes communes (Logonna-Daoulas, Daoulas, Loperhet et Plougastel-Daoulas).
➡︎ Des actions de sensibilisation sur les sites Natura 2000 de la rade de Brest pour mieux prendre en compte la biodiversité dans les activités humaines.
Zoom sur les familles d’oiseaux hivernants observées en rade de Brest :
Baisse de 75% des effectifs pour le Grèbe à cou noir. 3 espèces en déclin sur les 4 présentes. Secteurs favorables : bancs de maërl, faible profondeur et faible vitesse de courant, mois de décembre.
Tendance stable ou légèrement en augmentation à court et long terme.
Secteurs favorables : bancs de crépidules, faible profondeur et faible vitesse de courant.
Tendance stable ou légèrement en augmentation à court et long terme.
Secteurs favorables : vases sous-marines et bancs de maërl, mois de décembre et faible vitesse de courant.
Tendance stable à court et long terme.
Secteurs favorables : Plutôt associés aux fonds d’estuaires (habitat majoritaire = vases soumises à la marée). Les installations d’ostréiculteurs = reposoirs importants.
À la suite de ces études, des cartes présentant les résultats d’observation et de modélisation des aires de prédilection ont été réalisées pour les principales espèces d’oiseaux hivernants en rade de Brest.
Les résultats des études sont disponibles dans les deux rapports téléchargeables ci-dessous :
Ressources pour connaître tous les bons réflexes à adopter lors de vos sorties en rade de Brest :
>> Le site de référence pour adapter ses pratiques sportives à la présence des oiseaux hivernants : Cmonspot
>> L’indispensable pour les marcheurs, pêcheurs et plaisanciers : Le Petit guide marin 2024 du Parc d’Armorique.
Cette étude lancée par le Parc d’Armorique, gestionnaire des sites Natura 2000 de la rade de Brest, a été menée par le bureau d’étude Biotope et l’association Bretagne Vivante. Elle a été financée par le Conseil Régional de Bretagne et les fonds européens dans le cadre des mesures d’accompagnement du polder de Brest et de la mise en œuvre de Natura 2000.