Chaque année, la Bretagne est le théâtre de rave-parties organisées pour certaines dans des sites naturels très fragiles. C’est le cas des monts d’Arrée, qui abritent des espèces menacées et une grande partie des dernières landes de la région. Déjà trois rave-parties ont eu lieu depuis le mois de juin. Très inquiets des impacts sur la biodiversité, le Parc naturel régional d’Armorique et l’association Bretagne Vivante tirent la sonnette d’alarme.
La rave-party de Brasparts le 17 juillet fait suite à celles de Brennilis et de Loqueffret organisées en mai puis en juin 2021. Ces trois événements ont eu un impact direct sur la biodiversité. Les suivis minutieux menés par les naturalistes, par exemple, mettent en évidence des échecs de la nidification après ces évènements. Il s’agit d’un indicateur particulièrement révélateur de dégâts non négligeable touchant une faune plus discrète.
Cette problématique n’est malheureusement pas nouvelle dans les monts d’Arrée malgré la volonté conjointe de dialogue entre le Parc naturel régional d’Armorique, Bretagne Vivante et l’État. C’est la raison pour laquelle le Parc naturel régional d’Armorique et Bretagne Vivante demandent conjointement, et pour la première fois, à l’État de prendre les mesures qui s’imposent et se tiennent disponibles pour reprendre le dialogue et engager des solutions. Les acteurs appellent aussi les fêtards à prendre leur part de responsabilité et font part de leur soutien aux agriculteurs dont les terres sont occupées illégalement.
Aujourd’hui, les monts d’Arrée, premier réservoir de biodiversité régional et lieu d’activité agricole sensible, sont fragilisés. Ce massif représente 8 000 hectares de landes et tourbières sur les 14 000 qui subsistent en Bretagne. Il y en avait un million d’hectares il y a deux siècles. On y trouve les dernières populations de la région de courlis cendré, de busard Saint-Martin ou encore de busard cendré.
Malheureusement ces espèces sont dans une situation critique. On ne compte plus aujourd’hui qu’une vingtaine de couples de courlis alors qu’ils étaient encore une centaine dans les années 1970. Comme ces oiseaux nichent au sol dans des landes qui ont été récemment fauchées, les œufs puis les poussins sont donc extrêmement vulnérables à tout dérangement humain favorisant la prédation. Les nuisances sonores engendrées par les événements de type rave-party sont aussi très perturbatrices.
Au-delà des impacts immédiats et directs sur les milieux naturels, il faut également prendre en compte la présence de véhicules dans les espaces naturels stationnés jusqu’à deux kilomètres du site, les chiens en divagation, etc.
Ainsi, la rave-party de Loqueffret a directement perturbé des couples de busards cendrés et de busards Saint-Martin. Celle de Brennilis était très proche d’un des vingt deniers couples de courlis cendré de Bretagne. Celle de Brasparts était très proche des sources du Rivoal ou niche un couple de busards Saint Martin et un couple de busards cendrés.
Le site des monts d’Arrée classé Natura 2000
Les richesses naturelles des monts d’Arrée, ont justifié le classement d’une grande partie du site au titre de Natura 2000. Le Parc naturel régional d’Armorique en est le gestionnaire. La réserve naturelle nationale de la tourbière du Venec et la réserve naturelle régionale des landes du Cragou gérées par Bretagne Vivante viennent compléter le dispositif.
C’est un travail de longue haleine que mènent conjointement le Parc d’Armorique et Bretagne Vivante depuis plus de 50 ans pour préserver ce site unique. Et c’est aujourd’hui l’affaire de tous. Car de nombreux acteurs, agriculteurs, chasseurs, organisateurs de manifestations sportives, élus, respectent au quotidien les réglementations existantes et s’investissent dans leur protection, la fauche des landes… Ce travail accompli est très fragile et peut être remis en question très rapidement.
Pour le Parc naturel régional d’Armorique et Bretagne Vivante, il est encore possible de concilier les enjeux de préservation avec une vie économique et culturelle forte tout en profitant et en transmettant cet extraordinaire cadre de vie.
Un programme d’actions ambitieux pour préserver les landes des monts d’Arrée
Le programme LIFE Landes d’Armorique vise à restaurer plus de 200 hectares de landes et tourbières sur 3 sites emblématiques du PNRA : le Menez Hom, Menez Meur et les monts d’Arrée-Cragou. Ils représentent à eux seuls le plus vaste ensemble de landes atlantiques de France et le plus grand complexe de tourbières de Bretagne.
Le programme est porté et coordonné par le Parc d’Armorique, en partenariat avec le Département du Finistère et Bretagne Vivante, et avec le soutien financier de l’Europe, du Ministère de la Transition écologique et de la Région Bretagne.
Crédit photo : Jean-Louis Ermel – Bretagne Vivante