Le Comité Régional de la Conchyliculture Bretagne-Nord, l’Ifremer et le Parc naturel régional d’Armorique unissent leurs compétences pour la restauration d’un ancien gisement d’huîtres plates en rade de Brest.
Un appel à initiatives en faveur de la biodiversité marine a été lancé par l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne en novembre 2022. Il avait pour objectif de faire émerger des actions concrètes pour préserver ou restaurer la biodiversité, en rétablissant notamment les fonctionnalités naturelles des écosystèmes littoraux, tout en favorisant l’émergence d’aménagements résilients de la bande côtière. Le projet REHPAR (Restauration de l’huître plate en rade de Brest), s’appuyant sur des solutions fondées sur la nature, fait partie des 26 initiatives lauréates de cet appel à initiatives. Il bénéficie d’un cofinancement par le Fonds Vert.
Ce projet, d’une durée de 2 ans (2024-2025), est porté par le Comité Régional de la Conchyliculture Bretagne-Nord (CRCBN), en partenariat avec l’Ifremer (LEMAR) et le Parc naturel régional d’Armorique (PNRA). Il concerne la restauration écologique d’un gisement d’huîtres plates au cœur d’une ancienne huîtrière au sein du site Natura 2000 de la rade de Brest. Surexploités au 19e siècle puis victimes de maladies dans les années 1971, les bancs d’huîtres plates ne subsistent plus qu’en rade de Brest et en baie de Quiberon. Le récif d’huîtres plates est un habitat marin à forte valeur patrimoniale, qu’il convient de restaurer et protéger. Ce triple partenariat autour de la restauration écologique d’une espèce et de son habitat fait de ce projet une première en termes de portage et s’inscrit pleinement dans la dynamique territoriale soutenue par le contrat TerraRade, contrat qui a pour objectif la reconquête de la qualité de l’eau et de la biodiversité de la rade de Brest et de ses bassins versants Aulne et Elorn.
Les actions menées dans le cadre de REHPAR :
❶ Identification et caractérisation d’une zone de restauration en rade de Brest ;
❷ Optimisation de la production des modules biosourcés les plus adaptés à l’espèce ;
❸ Optimisation de la production en milieu contrôlé de naissains rustiques ;
❹ Mise en place du pilote de restauration de 200 m2 en deux phases (2024-2025) ;
❺ Suivi de la colonisation des modules et des habitats environnants ;
❻ Médiation, sensibilisation et éducation.
D’un point de vue technique, il s’agit d’un projet innovant d’ingénierie écologique utilisant des supports biosourcés et biomimétiques attractifs et adaptés à l’espèce. REHPAR repose également sur les acquis de différents projets réalisés en Bretagne ces dernières années visant à démontrer la faisabilité technique de la restauration écologique pour cette espèce native en fort déclin.
L’huître plate joue un rôle écologique majeur
Qualifiée d’espèce « ingénieure » en raison de sa capacité à coloniser les fonds et ainsi créer un milieu favorable au développement d’autres espèces marines, on la met aujourd’hui au même rang, en termes de biodiversité, que les récifs coralliens tropicaux. Une centaine d’espèces différentes viennent s’abriter dans les récifs naturels d’huîtres. Ce sont également des zones de nurserie pour plusieurs espèces de poissons ou céphalopodes comme les seiches.
Ce projet pourrait constituer la première étape d’une mise en œuvre à plus grande échelle, conciliant développement économique et préservation de l’environnement sur d’autres sites d’intérêt en France. Il s’inscrit pleinement dans la stratégie européenne encadrée par l’Alliance NORA (Native Oyster Restauration Alliance).
Photographies du type de supports qui seront déployés (©Stéphane Pouvreau, photographies prises sur un autre site dans le cadre du projet REEFOREST). |
Photographies du site de médiation en bas d’estran et des populations d’huîtres plates présentes (©Apolline Lebourg, Anna Capietto). |
Cartographie présentant la localisation du site pilote de restauration en eau profonde et du site de médiation
scientifique sur le bas de l’estran.