Sommet mondial pour les océans : le rôle clé des habitats marins de la rade de Brest

Du 9 au 11 février, chefs d’Etat, experts scientifiques, représentants de la société civile, entreprises vont se réunir à Brest autour de la protection des océans. A l’occasion de ce Sommet mondial pour les océans (One ocean summit) qui sera présidé par Emmanuel Macron, le Parc naturel régional d’Armorique rappelle le rôle clé que jouent les habitats marins dans la vie des océans.

Reliée à l’océan Atlantique par un passage étroit qu’on appelle le goulet, la rade de Brest abrite des habitats sensibles comme les herbiers de zostères, plantes à fleurs marines, les champs de blocs, étendue de blocs rocheux mobiles ou encore les bancs de maërl, algues calcaires. Ils rendent de nombreux services écosystémiques (lieux de vie et reproduction de nombreuses espèces, stockage du carbone, lutte contre l’érosion des côtes, production d’oxygène, etc.) et de leur bon état dépendent de nombreuses activités économiques et touristiques.

C’est pourquoi la partie Sud de la rade est une aire marine protégée appartenant au réseau européen des sites naturels Natura 2000. Depuis 2010, le Parc d’Armorique y mène des actions de préservation et de restauration des habitats marins.

Zoom sur le maërl : habitat marin remarquable, méconnu et menacé
Surnommé « corail breton » à cause de son apparence, le maërl est une algue calcaire très fragile, sensible à la lumière et à la température de l’eau : elle pousse de moins d’un millimètre par an.
Les bancs de maërl rendent de nombreux services : hotspot de biodiversité, ils peuvent abriter plus de 600 espèces et notamment des juvéniles (larves de coquilles Saint Jacques, de pétoncles noirs et de praires par exemple). Son rôle est donc clé en rade de Brest où l’activité conchylicole est importante. Ils permettent aussi de lutter contre le changement climatique en stockant le carbone.

Restaurer les habitats…

En tant qu’opérateur du site Natura 2000 de la rade de Brest, le Parc initie et coordonne des actions de restauration. Depuis 2018, celles-ci sont renforcées grâce au programme #LifeMarha en partenariat avec l’Office français de la biodiversité. C’est le cas du grand chantier de cartographie et de nettoyage d’un banc de maërl qui s’est tenu en mars 2021 avec l’aide de plongeurs professionnels.

L’opération a eu lieu dans l’Anse du Poulmic qui abrite une espèce de maërl extrêmement rare : le maërl Lithophyllum fasciculatum (aussi connu sous le nom “maërl boule »). A ce jour, dans le monde, il n’est connu qu’en rade de Brest et sur quatre sites à l’Ouest de l’Irlande.

Pneus bétonnés, vieux bouts, corps morts en béton, attaches diverses… Près de 8 tonnes de déchets issus de l’activité conchylicole notamment, ont été extraits, triés et recyclés et 50 ha d’habitat marin restaurés.

Retour en images avec la vidéo ici ⤵

…et intervenir en amont pour mieux les préserver

Le Parc a pour mission de maintenir les efforts menés pour restaurer les habitats. Il s’agit, par exemple, de déployer le système de récupération des déchets développé dans l’Anse du Poulmic sur d’autres sites de la rade, ou encore de mener des chantiers de lutte contre l’invasive Spartine américaine. Dans quelques semaines, le Parc devrait aussi conduire une opération de retrait d’épaves de bateaux dans les estuaires de la rade grâce au soutien financier France Relance.

Mais il est aussi indispensable d’intervenir en amont, éviter que les habitats ne soient dégradés et ne nécessitent des opérations de restauration. Dans cet objectif, plusieurs chantiers sont en cours avec les acteurs locaux :
– améliorer la connaissance par la mise en place de suivis scientifiques et participatifs
– déployer les systèmes de mouillage intelligents et de moindre impact pour les plaisanciers
– accompagner les professionnels dont les conchyliculteurs pour concilier leur activité et la fragilité de l’habitat
– soutenir les démarches pédagogiques et citoyennes comme les aires marines éducatives (le Parc accompagne l’école de Logonna-Daoulas)
– sensibiliser les habitants et touristes aux bonnes pratiques, en matière de pêche à pied notamment
– œuvrer pour la prise en compte des habitats marins dans les politiques locales, régionales ou nationales, notamment via le réseau des aires marines protégées

“ Le One ocean summit est l’occasion de mettre un coup de projecteur sur les habitats marins qui jouent un rôle clé dans la vie des océans. Qu’il s’agisse des bancs de maërl ou des herbiers de zostères, préserver ces écosystèmes est dans l’intérêt de tous ! Au quotidien, en rade de Brest comme ailleurs, ils nous rendent un grand nombre de services. C’est pourquoi il est nécessaire de mener des actions de restauration mais il est avant tout indispensable de prévenir les dégradations. Cela implique de sensibiliser les citoyens, d’accompagner les changements de pratiques des professionnels et usagers de la mer et plus largement, de mieux prendre en compte les enjeux de conservation dans les politiques publiques.”

Nazaré Das Neves Bicho, Chargée de mission Biodiversité et projet Life Marha

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